La commune Orp-Jauche étudie avec intérêt l’opportunité d’installer une unité de biométhanisation dans notre entité. Un projet porté par l’échevin Ecolo Pierre Sondag et qui s’inscrit dans une logique de développement durable.

De quoi s’agit-il ?


Nous sommes véritablement ici au cœur d’un processus qui nécessite un important travail de réflexion et une étude approfondie des possibilités et des conditions d’implantation.

Une première analyse, dite de « préfaisabilité », a mis en évidence la possibilité d’implanter à Orp-Jauche une unité de biométhanisation. Le facilitateur de la Région wallonne encourage le projet. Une quinzaine d’agriculteurs a déjà marqué un vif intérêt pour le projet, certains étant d’ailleurs prêts à y investir financièrement.

Le lundi 28 juin 2012, une nouvelle étape importante a été franchie avec la décision du conseil communal d’approuver les conditions et mode de passation de marché pour l’étude de faisabilité technique et économique du projet et l’accompagnement de la commune dans la mise en œuvre du projet.

La personne ou le bureau désigné sera chargé d’accompagner la commune et les porteurs du projet. Il s’agira de déterminer une série de points qui vont de la dimension de l’unité, le choix des bâtiments et logements à desservir, la localisation de l’unité, en passant par le choix du type de société à créer pour la mise en œuvre et l’exploitation, la rédaction d’un dossier à soumettre aux partenaires et investisseurs potentiels ou encore le type de « digesteur » adapté. Sans oublier l’impact économique, la rédaction du cahier des charges pour l’appel d’offres permettant la réalisation d’un plan de l’installation, le suivi de la réalisation et l’élaboration du plan financier, la mise en place de procédures et contrats pour gérer les matières entrantes et sortantes. Ce à quoi s’ajoute également tout en travail de conseil et d’accompagnement de la commune durant la création de la société, le chantier, et le lancement des opérations.

Questions à Pierre Sondag

Quel est l’intérêt d’implanter une unité de biométhanisation à Orp-jauche ?

Orp-Jauche est une commune rurale, dont plus de 80 % de la surface est constituée de terres agricoles. La biométhanisation permet de produire de l’énergie à partir de matières résiduelles ou de déchets agricoles ou d’élevage locaux, pour réduire notre dépendance aux produits pétroliers de plus en plus rares et chers. Et ce tout en permettant une diversification agricole, et aux habitants de se chauffer à moindre coût, vu le prix du mazout qui augmente et ne cessera pas d’augmenter. Il y aura création d’emploi pour la maintenance et le fonctionnement de l’unité, et contribution au maintien de l’emploi agricole.

On va fournir du gaz aux habitants ?

Non. La Région wallonne prépare un décret en vue de permettre d’injecter du biométhane dans le réseau de gaz, mais cela va prendre un peu de temps, et nécessitera des procédés de filtrage coûteux. Le méthane produit ici fera tourner des moteurs qui produiront, d’une part, de l’électricité et, d’autre part de la chaleur. C’est ce qu’on appelle la cogénération. L’électricité servira en petite partie pour les besoins de l’unité de production, et la plus grande partie sera revendue sur le réseau géré par Orès. La chaleur, sous forme d’eau chaude, sera envoyée par des tuyaux bien isolés vers des bâtiments communaux et vers des habitations, pour le chauffage et l’eau sanitaire.

Qui pourra en profiter ?

Au vu des coûts d’infrastructure et de placement des tuyaux d’eau chaude, il s’agira, dans un premier temps en tout cas, d’alimenter en chauffage la maison communale, le CPAS, l’école communale d’Orp, le hall sportif du Chaufour, le bâtiment du service technique communal, et le futur quartier d’Orp-le-Petit dit du PRU (périmètre de remembrement urbain) où vont s’installer des magasins et de nombreux logements. Si possible, les 25 maisons à loyer modéré du quartier du Paradis seront aussi alimentées, de manière à permettre aux habitants de réduite leur très coûteuse facture d’électricité liée au fait qu’elles ne disposent que de chauffage électrique.
A terme, selon l’évolution du projet et de son rendement, on pourrait augmenter les capacités, étendre la zone desservie et alimenter davantage d’habitants.

Ce procédé ne risque-t-il pas de causer des nuisances ?

Les craintes généralement exprimées sont de trois ordres : les odeurs, le charroi, et les risques d’explosion du gaz.
Les odeurs sont très faibles, et dues uniquement aux matières stockées en attendant leur incorporation dans le digesteur si elles sont laissées à l’air libre. Le procédé lui-même est inodore. De plus, le digestat qui sortira des cuves et servira d’engrais pour les terres agricoles n’a pour ainsi dire pas d’odeur. Il n’y aura donc plus ces odeurs fortes qui accompagnent généralement l’épandage de lisier sur les champs, par exemple.
Le charroi sera composé des tracteurs et camions qui apporteront les matières à l’unité de biométhanisation, et qui viendront y rechercher le digestat. Il s’agira donc de choisir une localisation qui évite le transit par les zones d’habitat.
Quant au risque d’explosion, il est nul. Le gaz est contenu dans la partie supérieure des cuves du digesteur par une solide bâche à une pression très faible. A cette pression, il ne pourrait pas exploser.

Où sera installée cette unité de biométhanisation ?

Deux critères doivent être pris en compte : il faut se situer en dehors des zones d’habitat, de manière à éviter les éventuelles nuisances du charroi, et en même temps pas trop loin des zones d’habitat à alimenter en chaleur, pour éviter de trop importants coûts d’installation des canalisations d’eau chaude. Notons que la perte de chaleur dans ces tuyaux n’est que d’un degré par km. Nous pensons à des terrains agricoles situés à la sortie d’Orp-le-Grand par la rue SteAdèle, vers Marilles. L’étude qui va débuter sera chargée de déterminer avec plus de précision la localisation, et il s’agira de travailler avec le comité de remembrement pour choisir les terrains adéquats à acquérir.

Combien ça va coûter et qui va payer ?

L’investissement total dépendra de la quantité d’énergie à fournir, ce que déterminera l’étude qui va débuter. Il devrait s’établir entre 5 et 10 millions d’euros, en ce compris l’installation des canalisations d’eau chaude.
Nous recherchons des partenaires investisseurs, des « invests » comme on dit, comme Nivelinvest et ses filiales, par exemple, des organismes publics de financement. La commune prendra une part également. Les agriculteurs qui le souhaitent, ainsi que des habitants, auront aussi accès aux prises de participations. Un emprunt complétera l’ensemble. Selon les premières études, la rentabilité sera importante assez rapidement, et les dividendes intéressants. Un bon placement pour celles et ceux qui investiront.

Le procédé de la biométhanisation

Il s’agit d’un procédé anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène, au cours duquel des micro-organismes vont transformer de la matière organique (fumier, lisier, purin, déchets organiques des ménages et de l’industrie agroalimentaire, plantes énergétiques, boues de stations d’épuration… Notons toutefois qu’à Orp-Jauche il s’agira exclusivement de matières issues de l’agriculture, de manière à garantir la qualité du digestat destiné à amender les terres de cultures).

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Ce phénomène s’accompagne d’une part de la production d’un mélange gazeux combustible appelé « biogaz » qui est principalement constitué de méthane. Ce biogaz peut être valorisé de différentes manières comme par exemple la production d’électricité ou de chaleur.
D’autre part, la biométhanisation produit également un résidu, nommé « digestat », qui peut être utilisé comme fertilisant en agriculture.

La biométhanisation permet de produire de l’énergie (électricité et chaleur) à partir de déchets ou sous-produits pouvant fermenter et ce, en diminuant les émissions des gaz à effet de serre.

Elle peut donner lieu à une combustion directe en chaudière avec production de chaleur. Dans le cadre de la cogénération électricité et chaleur, le biogaz va produire de l’électricité qui est soit auto-consommée par l’unité elle-même, soit réinjectée sur le réseau. La chaleur dégagée par le moteur peut quant à elle servir à produire de l’eau chaude pour le chauffage et l’eau sanitaire, que ce soit dans des habitations privées ou collectives. En période estivale, où l’on a peu ou pas besoin de chauffer les habitations, cette chaleur peut, par exemple servir à alimenter un séchoir à bois, à plaquettes, à pellets, …

Les produits résultant du processus, dont la traçabilité et le contrôle sont facilités par la connaissance des matières entrantes et sortantes, permettent une économie d’engrais. En effet, les digestats peuvent être épandus. Il s’agit d’une solution économique de traitement de déchets organiques qui peuvent être valorisés dans l’agriculture. Pour ceux qui s’inquiéteraient des éventuelles odeurs, sachez que le procédé est pour ainsi dire inodore.