La catastrophe de Fukushima nous rappelle de façon cruelle à quel point nous sommes vulnérables face à des technologies qui, de toute évidence, nous dépassent.
Certains vous diront qu’il s’agit de circonstances exceptionneles et imprévisibles. Mais quand on sait que des énergies alternatives et durables existent, que le nucléaire n’est pas LA solution, qu’il soulève plus de questions qu’il n’en résout et que, quand la machine s’emballe ce sont des populations et des territoires entiers qui sont menacés…alors, je vous le demande, le jeu en vaut-il la chandelle ?
Sans entrer dans les détails, chez nous, la décision de se doter de l’énergie de l’atome n’a fait l’objet d’aucune concertation citoyenne : imposée en quelques sortes, par un lobby super-puissant dont le secteur brasse des sommes d’argent astronomiques. On ne nous a pas demandé notre avis mais c’est pourtant nous, consommateurs, qui avons financé l’amortissement rapide des centrales nucléaires.
En effet, cet amortissement a été répercuté sur le prix de l’électricité. Mais une fois les centrales amorties, le prix de l’électricité n’a pas diminué ! Ne cherchez plus, c’est bien dans la poche des exploitants privés que se retrouvent directement ces bénéfices supplémentaires.
Et quitte à parler argent, notons que le nucléaire n’est pas « bon marché ». Il engendre de nombreux coûts cachés, comme celui lié aux risques. A ce propos, saviez-vous qu’aucun assureur n’accepte de couvrir la totalité des risques potentiels liés à une centrale nucléaire ? C’est l’Etat qui assure cette fonction. Que dire aussi du coût du démantèlement des centrales…
On peut aussi mentionner le prix de la gestion des déchets pendant des MILLIERS d’années On ne dispose aujourd’hui d’aucune solution efficace pour traiter les déchets nucléaires. Du coup, ils s’entassent par milliers de tonnes. Or, certains de ces déchets restent dangereux pendant des dizaines de milliers d’années. Personne ne peut aujourd’hui garantir que ces déchets resteront bien confinés durant tout ce temps et cela pose question. Un exemple valant mieux qu’un long discours, prenez l’équivalent d’un dé à coudre de déchets hautement radioactifs. Après 1000 ans, cette quantité sera encore assez puissante pour rendre non potable la consommation annuelle d’eau de… 25 000 Belges !
Evidemment, le secteur nucléaire prétend devenir plus sûr et plus efficace avec la recherche technologique. Mais les technologies nécessaires pour répondre aux questions de sécurité et de traitement des déchets ne sont pas au point. On ne peut que regretter le choix de cet investissement massif dans la recherche nucléaire (on parle en milliards, soit 60% des fonds européens pour la recherche dans le domaine de l’énergie) qui se fait au détriment d’énergies alternatives qui sont à la fois plus sures et plus durables.
A ceux qui prétendent que le nucléaire contribue à la lutte contre le réchauffement climatique, on peut répondre qu’en tenant compte de toute la filière nucléaire, l’électricité produite par les centrales atomiques génère plus d’émissions nettes de CO2 que les petites centrales à cogénération et beaucoup plus que les filières renouvelables. A bon entendeur…
Sophie Agapitos